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Terra Amata – site préhistorique
Un site préhistorique où les hommes chassaient l’éléphant, entre autres !
Nice
Histoire et découverte du site
Dès 1958, des coupes de terrain quaternaire visibles dans un ancien chantier suscitent l’intérêt des géologues. Ils signalent quelques outils puis, en 1961, un premier biface est découvert. En octobre 1965 des travaux de terrassement entrepris dans le parc du château de Rosemont, ancienne résidence du roi de Yougoslavie, pour la construction d’un immeuble de luxe, « le Palais Carnot », permettent de localiser le site d’habitat préhistorique de Terra Amata.
Des fouilles de sauvegarde sont alors entreprises sous la direction du Professeur Henry de Lumley. Elles se dérouleront, sans interruption, du 28 janvier au 5 juillet 1966. Ces travaux sont considérables : près de 210 m3 de terre remués au pinceau et à la truelle sur une surface de 120 m², 29 niveaux d’habitat dégagés, plus de 28 000 objets coordonnés et reportés sur plan, 90 m² de sols archéologiques moulés, 9 000 photographies prises et 1 200 m² de coupes relevées…
Terra Amata, il y a 400 000 ans…
Il y a 400 000 ans le site de Terra Amata était très différent d’aujourd’hui : lecontinent était plus bas et la mer recouvrait une grande partie de la plaine de Nice. Terra Amata était une petite crique abritée, où des hommes (probablement des Homo erectus) avaient établi leur campement pour chasser. Il utilisaient les galets trouvés sur la plage pour tailler leurs outils. Ils s’abritaient temporairement dans des huttes faites de branchages posés sur une structure légère.
Paléoenvironnement et Paléoclimatologie
La faune mise au jour sur le site indique un milieu forestier et un climat tempéré et humide. La présence de Stephanorhinus hemitoechus est liée à un milieu de steppe ou de prairie mais on le trouve également associé à des faunes à prédominance forestière. La présence, parmi les rongeurs, d’Apodemus sylvaticus confirme cet aspect forestier et tempéré. L’absence d’équidés va également dans le sens d’une ambiance forestière.
La végétation autour du site devait être très arbustive. Les essences montagnardes devaient descendre assez près du littoral, les arbres « tempérés » étaient localisés le long des vallées les plus proches, comme celle du Paillon. De plus, les essences thermophiles et typiquement méditerranéennes étaient certainement déjà bien distribuées le long du littoral.
Habitat, comportement et mode de vie des chasseurs paléolithiques de Terra Amata
À Terra Amata, 29 unités archéostratigraphiques superposées ont été individualisées grâce aux observations effectuées lors de la fouille, à l’étude des coupes stratigraphiques et à la réalisation de projections des vestiges archéologiques sur des plans verticaux. Certains indices, mis en évidence lors de la fouille, autorisent à penser que des huttes en matériaux périssables ont été construites par les hommes pour se protéger. Ces structures ont pu être identifiées par la présence d’empreintes de piquets et de poteaux et par des lignes de pierres. Elles sont également soulignées par la répartition de l’outillage et des déchets culinaires qui jonchaient le sol de l’aire d’habitation. Les huttes, toujours ovales, pouvaient mesurer de 7 à 15 mètres de longueur sur 4 à 6 mètres de largeur.
Il ne semble pas qu’il y ait eu sur ce site des campements de longue durée. Les hommes paraissent s’être installés périodiquement dans la petite crique de Terra Amata, à la fin du printemps ou au début de l’automne.
Par ailleurs, le gisement de Terra Amata a livré des foyers aménagés qui témoignent des prémices de la domestication du feu par l’homme. Dans les habitats de la dune littorale de l’ensemble stratigraphique C1b, ces foyers étaient situés au centre des huttes. Leur aménagement s’effectuait soit par un dallage préalable du sol avec des galets, soit par le creusement de fosses de 30 à 50 cm de diamètre et de 15 cm de profondeur. Chaque foyer présentait du côté nord-ouest une petite murette, constituée de pierres ou de galets, probablement destinée à protéger le feu des courants d’air et particulièrement des vents du nord-ouest, encore dominants à notre époque. Ces foyers étaient de dimension restreinte. Dans les niveaux de la plage, des traces de combustion se limitaient à des cendres et des charbons de bois sans qu’il soit possible d’y déceler de véritables foyers organisés.
L’industrie lithique à Terra Amata
L’outillage exhumé à Terra Amata est caractérisé par la présence de très nombreux galets aménagés. Ils sont essentiellement représentés par des choppers de types variés. Les chopping-tools, peu nombreux dans les niveaux de la plage marine de l’ensemble stratigraphique C1a, deviennent extrêmement rares dans la dune littorale de l’ensemble stratigraphique C1b. Par ailleurs, la présence de pics est un élément caractéristique de l’industrie de Terra Amata. Les bifaces sont très rares et portent tous une base réservée en cortex. Des hachereaux, presque tous aménagés sur galet, exceptionnellement sur éclat, sont également à signaler.
L’outillage classique (micro-outillage) est essentiellement taillé sur éclat. Les racloirs sont bien représentés mais on rencontre également un pourcentage conséquent d’encoches et de denticulés. La présence de pointes de Tayac, de pointes de Quinson et de proto-limaces est également à noter.
Les nombreux remontages qui ont pu être réalisés suggèrent que le débitage était effectué sur le site. De même, les hommes ont principalement utilisé comme matière première les galets de calcaire, plus ou moins siliceux, qu’ils pouvaient trouver directement sur la plage.
La faune de Terra Amata
Un très grand nombre d’ossements d’animaux a été découvert à Terra Amata. Ces restes nous renseignent à la fois sur les animaux qui vivaient dans la région mais également sur ceux qui étaient chassés par Homo erectus. Les carnivores sont presque totalement absents de la faune mise au jour (deux fragments de dents d’ours). Ce fait peut s’expliquer par un choix dans les espèces chassées par les hommes de Terra Amata. L’importance des individus juvéniles parmi les restes fauniques (par exemple, les éléphants) montre que les hommes ramenaient le plus souvent des individus jeunes, potentiellement plus faciles à abattre.
Outre les restes d’éléphants (Elephas antiquus) les chercheurs ont trouvé des restes d’aurochs (Bos primigenius), de cerf élaphe (Cervus elaphus), de daim (Dama clactoniana), de sanglier (Sus scrofa) et de rhinocéros (Stephanorhinus hemitoechus). La plus grande partie des restes d’animaux de Terra Amata provient des couches stratigraphiques C1a et C1b.
Terra Amata en pratique
Le site de Terra Amata ne se visite pas !
Il ne reste plus qu’un morceau de la stratigraphie d’origine, conservé et protégé. Voir ci-contre
Les grandes découvertes et une reconstitution du site de Terra Amata sont exposées
au Musée de Paléontologie Humaine de Nice
25, boulevard Carnot
06300 NICE
Horaires d’ouverture :
Le musée est ouvert du mercredi au dimanche de 10H00 à 18H00 et fermé les lundi et mardi ainsi que certains jours fériés (Noël, 1er janvier, dimanche de Pâques et 1er mai).
Prix :
Tarif : 10 € – Egalement accessible avec ce ticket pendant 48h : Musée d’Archéologie, site de Cimiez – Muséum d’Histoire Naturelle.
Ticket 7 jours : 20 € – Accès à tous les musées et galeries municipaux pendant 7 jours.
Gratuités :
Enfants de moins de 18 ans (sur présentation d’une pièce d’identité)
Etudiants (sur présentation de la carte d’étudiant)
Contacts :
T. : 04 93 55 59 93 – Fax : 04 93 89 91 31
www.musee-terra-amata.org
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Histoire de l’allumage du feu des origines à nos jours – Bertrand Roussel, Paul Boutié
De la Préhistoire à nos jours
Nouvelle édition 2015
Ouvrage réalisé sous la direction de Bertrand Roussel