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Lady Sapiens
Enquête sur la femme au temps de la Préhistoire Jennifer Kerner, Thomas Cirotteau, Eric Pincas
« Quelle place pour la femme dans les sociétés préhistoriques ?
Présentation par l’éditeur :
Que savons-nous de la femme de la Préhistoire ? Trente-trois des plus grands spécialistes mondiaux (préhistoriens, anthropologues, archéologues, ethnologues, généticiens) tentent de répondre à la question dans cette enquête inédite. Chapitre après chapitre, les idées reçues et les préjugés sont déconstruits, preuves à l’appui, afin de redonner à Lady Sapiens toute sa place dans l’histoire de l’humanité. On la croyait faible et sans défense, on la découvre chasseresse, combative et puissante. On la pensait bestiale et primaire, la science révèle qu’elle maîtrisait de nombreux savoirs et prenait soin de son corps et de son apparence. On l’imaginait soumise, elle était respectée, honorée, vénérée… Son souffle, ses pas, ses gestes retrouvés, nous invitent à redécouvrir l’histoire de nos origines. Une histoire sensible et plus juste de femmes et d’hommes unis dans une destinée commune dont nous sommes les héritiers.
Et si l’âge de glace était aussi l’âge de la femme ?
Les arènes Editions
247 pages
19,90 euros
Hominides.com
Depuis quelques années, le rôle de la femme dans la préhistoire est presque devenu un sujet de polémiques et de contreverses. Depuis les premières recherches en préhistoire et en paléoanthropologie, il y a presque 200 ans, la quasie totalité des chercheurs et des préhistoriens étaient des hommes. Cette particularité sexuelle ne devrait bien entendu pas intervenir sur des études scientifiques… en tout cas en théorie !
Il faut toutefois admettre que si l’on reprend les manuels scolaires, les oeuvres artistiques, les romans, les films, les musées… la femme n’est reconnue que dans un seul rôle : la maternité ! Dès que l’on évoque la chasse, la pêche, la fabrication d’armes, la production d’art pariétal ou mobilier, le féminin est passé à la trappe et c’est la masculin qui l’emporte !
Dans la majorité des cas on ne se posait pas la question : c’était bien l’homme préhistorique, avec un petit « h », qui était à la fois le scénariste et l’acteur principal de la vie aux temps préhistoriques. On s’est pourtant rendu compte que telle tombe paléolithique au squelette richement honoré appartenait finalement à une femme et non à un homme…
Dans cet ouvrage les auteurs sont allés à la rencontre de scientifiques spécialistes internationaux, en reprenant les résultats des études préalablement effectuées, le but étant de démontrer de manière scientifique et pédagogique les rôles des femmes et des hommes préhistoriques, sans préjugés. Ils s’appuient donc sur des faits et des études réalisées en France, en Italie, en Espagne, en Allemagne… afin de découvrir la vraie vie des préhistoriques sans vouloir attribuer automatiquement un rôle à un sexe à tout prix !
Ce livre va vous apprendre qu’il est parfois impossible de retrouver qui faisait quoi il y a 10 000 ou 30000 ans, et que les sociétés paléolithiques et néolitiques n’avaient pas forcément une vision binaire sur les hommes et les femmes : la spécialisation par le sexe n’était probablement pas une bonne solution au quotidien !
C.R.
Les auteurs
Thomas Cirotteau est auteur et réalisateur. Il a réalisé le documentaire Qui a tué Néandertal ?, coécrit avec Éric Pincas et Jacques Malaterre. Ce film a reçu de nombreux prix en France et à l’étranger.
Jennifer Kerner est enseignante en préhistoire à l’université Paris-Nanterre, au département d’anthropologie, chargée de communication multimédias au CNRS, chercheuse associée au Muséum national d’Histoire naturelle et au musée de l’Homme à Paris.
Éric Pincas est rédacteur en chef du magazine Historia. Il est l’auteur des ouvrages Qui a tué Néandertal ? (Michalon 2014, édition augmentée 2018) et La Préhistoire, vérités et légendes (Perrin, 2020).
Sommaire de « Lady Sapiens »
ITable
Préface
1. Lady Sapiens ressurgit du passé
Renancourt: un petit Pompéi paléolithique
Se libérer des clichés
L ‘ethnoarchéologie à la rescousse des préhistoriens
2. Le vrai visage de Lady Sapiens
Le sexe des fossiles
De la chair sur les os
3. Exister, plaire, séduire…
Des parures somptueuses
Sublimer l’épiderme
La révolution du vêtement … et de l’aiguille!
Premiers indices de prestige ?
4. Sensualité et sexualité
L’union charnelle comme fait social
Les rites de rencontre entre hommes et femmes
Les indices de la sexualité
Sexualité et procréation
5. Fonder une famille
Fortes têtes !
Donner la vie, un pari pas si risqué
Mère de famille nombreuse ?
Les découvertes sur l’allaitement et le sevrage
L’humain, ce« reproducteur coopératif»
Les grand-mères entrent dans l’histoire
6. Des femmes sur tous les fronts
Mains libres, femmes libres
À la recherche des activités féminines
Chasseresse ou collectrice ?
Les premières meunières de l’humanité
La cuisinière nourrit … notre évolution
La tailleuse de pierre
Des savoirs artisanaux essentiels
Femmes artistes
Lady Sapiens, une femme plurielle.
7. Femmes de pouvoir
Le pouvoir chez les chasseurs-cueilleurs
Des cheffes en puissance ?
La majesté de la Dame du Cavillon
La belle endormie de Saint-Germain-la-Rivière
Le pouvoir de guérir
Et si Dieu était une femme ?
L’origine du monde
Postface – Lady Sapiens, si proche de nous
Perspectives d’étude
Des cultures variées
Avancer ensemble dans le respect des individualités
Femme d’hier,femme d’aujourd’hui
Bibliographie indicative
Un extrait du livre « Lady sapiens«
Dès les origines, selon certains archéologues et anthropologues, les hommes partaient à la chasse et les femmes à la cueillette, puis, de retour au campement, partageaient la nourriture rapportée par chacun. L’homme, en tant que pourvoyeur de nourriture difficile à obtenir et à forte valeur énergétique, aurait ainsi acquis un statut supérieur à celui de la femme. C’est aux chasseurs que serait revenu le droit de répartir les proies, leur donnant un ascendant légitime sur leurs compagnes • Pourtant, aucun indice archéologique ne permet de savoir par qui et entre qui le gibier était partagé. Selon eux, les femmes, en tant que fournisseuses de nourriture à plus faible valeur nutritive (principalement des végétaux), auraient donc eu un rôle économique moindre dans ces sociétés paléolithiques. Le colloque Man the Humer, qui s’est tenu à Chicago en 1966, a ancré dans la communauté des préhistoriens le modèle de « l’homme chasseur », agent principal de l’évolution humaine. Il suscita de vives réactions de la part des anthropologues américaines qui proposèrent un contre-modèle, celui de la «cueilleuse» placée au centre de l’économie, thèse rapidement écartée pour manque de preuves archéologiques, mais aussi sans doute à cause de préjugés.
Dans les sociétés récentes de chasseurs-cueilleurs, les femmes participaient à la chasse de maintes façons. Pour procéder à la capture du petit gibier, elles se servaient d’armes contondantes – bâtons à fouir, gourdins ou massues – ou de pièges – enfumage des terriers, collets. Lors des chasses collectives, elles rabattaient les grosses proies, ce qui, soulignons-le, nécéssite souvent de courir bien plus que les tireurs postés à l’affût. Comme les hommes, les femmes donnaient la mort et mettaient leur vie en péril en s’attaquant à des bêtes de grande taille potentiellement dangereuses. C’est peut-être ce qui a conduit les hommes à les écarter, sans doute progressivement, des activités cynégétiques et à les « désarmer ». Dans la majorité des cas, les femmes n’utilisaient pas d’armes tranchantes ou perforantes qui font couler le sang de l’animal, mais il existe des exceptions : chez les Indiens akuntsu, de l’Amazonie brésilienne, seules les femmes chassaient, un savoir-faire qui se transmettait de mère en fille. Dans d’autres sociétés amérindiennes, les femmes accompagnaient les hommes à la chasse et à la guerre, comme ce fut d’ailleurs le cas en Gaule pour les femmes sans enfants.
Il en fut peut-être ainsi pendant la préhistoire. Sur un squelette humain, les lésions observées sur les os, au niveau des attaches d’un tendon ou d’un ligament (dénommées enthésopathies), peuvent traduire des activités répétées. Celles présentes au niveau du coude, d’un seul côté, sont associées à la pratique régulière du lancer. Rares de nos jours, ces lésions se rencontrent essentiellement chez les lanceurs de javelot et les femmes en périménopause…