Les causes de l’extinction des grands singes
L’Homme avance, les singes reculent
Les grands singes font régulièrement l’objet de reportages dans les médias, dans la rubrique faits divers : massacre de gorilles, responsables de la diffusion du Sida, extinction des espèces… Il apparaissent également dans certains articles plus scientifiques qui tous montrent la grande proximité de ses primates avec l’Homme : utilisation d’outils, automédication, apprentissage d’un langage… Pourtant, malgré ces remous médiatiques, comme une échéance inéluctable, les grands singes semblent condamnés à disparaître de la planète.
A l’origine de cette disparition on retrouve presque toujours l’Homme. L’Homme qui conquiert tous les jours un peu plus la planète pour assurer son propre développement au détriment du biotope. L’Homme qui se bat en détruisant la faune qui le gène. L’Homme qui n’hésite pas à surexploiter les ressources naturelles sans se soucier de leur renouvellement. L’Homme enfin qui consomme les espèces de grands singes comme de la viande de brousse…
Les causes de l’extinction des grands singes
Les primates disparaissent de la surface du globe principalement du fait de leur concurrence avec l’homme et de ses activités expansionnistes. Pour s’accaparer toutes les ressources possibles l’homme n’hésite pas à détruire la faune et la flore, sans s’intéresser aux conséquences de ses actes.
La déforestation
Ces quatre espèces, chimpanzés, bonobos, orangs-outans et gorilles voient en premier lieu disparaître tout simplement leur habitat. La déforestation pour des raisons économiques en est la première cause. L’accroissement de l’activité humaine grignote peu à peu l’espace vital des grands singes. Les hommes détruisent les forêts afin de libérer l’espace pour des activités plus « rentables » :
– plantation de palmiers à huile et d’autres essences dont la demande est très forte sur le marché mondial
– vente des bois tropicaux si pratiques pour la fabrication de meubles de jardin, de parquets…
– exploitation du sous-sol par les industries minières ou pétrolifères
– creusement de routes pour acheminer les matières premières vers les ports ou aéroports…
Le biocarburant contre la biodiversité.
Quand développement durable, écologie et protection de la biodiversité se télescopent.
Les orangs-outans d’Indonésie, déjà victimes de la déforestation et des cultures sur brûlis ont un nouvel ennemi: le biocarburant. En effet, devant la pénurie annoncée de pétrole, les gouvernements recherchent des sources énergétiques de remplacement. Le biocarburant, qui peut être produit à partir de l’huile de palme, est en plein essor. Malheureusement pour l’orang-outan ce sont les forêts pluviales qu’il habite qui sont actuellement défrichées, pour être remplacées par d’immenses plantations de palmiers à huile, au développement rapide et au rendement exceptionnel. Et bien entendu, les récoltes sont bien plus lucratives que la sauvegarde des orangs-outans.
Les guerres et les conflits favorisent l’extinction des primates
Pour noircir le tableau, si ce n’était pas suffisant, les grands singes situés en Afrique se retrouvent très souvent au coeur de conflits inter-ethniques et de guerres civiles. L’exemple le plus frappant est celui des bonobos que l’on ne retrouve plus qu’en République Démocratique du Congo. Il ont particulièrement été touchés par les guerres civiles à répétition (1991, 1994…). « La guerre a eu des conséquences terribles pour les habitants et la faune sauvage dans le bassin du fleuve Congo« , a déclaré Lisa Steel, Coordinatrice du Programme du WWF pour la Salonga.
Les maladies
Les maladies s’acharnent aussi sur les populations simiesques. Le virus Ebola tue tous les ans plusieurs centaines d’individus (particulièrement chez les gorilles). En 2002, dans le sanctuaire de Lossi, 80% des gorilles ont été décimés par ce virus .
En avançant toujours plus profondément dans les forêts l’Homme rentre plus facilement en contact avec les populations de grands singes. Il amène avec lui ses virus et ses microbes contre lesquels les primates sont sans défense. L’homme se trouve ainsi à l’origine de la transmission de certaines maladies respiratoires mortelles comme la pneumonie.
La viande de brousse
Historiquement les populations humaines en Afrique ont toujours consommé des animaux habitant dans la brousse : singes, lémuriens, éléphants… Ce type de nourriture est même préférée pour sa valeur culturelle. La viande de brousse est souvent considérée comme un « met de choix ».
La pénétration de plus en plus forte de l’Homme dans des régions autrefois inaccessibles pose désormais un véritable problème. Les routes, la déforestation (encore elle) ont facilité le travail des chasseurs et des braconniers… La viande de brousse a un très bon rapport financier : peu d’investissement et « vente garantie » à bon prix sur les marchés ou dans les villes.
La capture
Toujours pour le « plaisir » humain, il faut signaler la capture des petits singes revendus comme « animal de compagnie ». Outre le fait que les grands singes ne sont pas adaptés à ce type de vie, il faut savoir que :
– pour capturer un petit c’est souvent toute sa famille qui est décimée. En effet les adultes protègent leur progéniture et gênent la capture des petits, ils sont donc abattus.
– en grandissant le singe devient de moins en moins « intéressant », il est moins docile et son caractère sauvage reprend le dessus. Il devient même parfois dangereux. Il est alors achevé ou enfermé dans une cage pour être exhibé…
Voir aussi le dossier consacré aux grands singes
Dossier grands singes
Origines et évolution des grands singes
Répartition des grands-singes actuels
Les grands singes en danger
La sauvegarde des grands singes
Entretien avec Emmanuelle Grundmann