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Un pendentif de 41 500 ans dans la grotte de Stajnia en Pologne
Cette datation positionne le pendentif découvert en Pologne comme l’un des plus anciens découvert en Eurasie. |
C’est lors des fouilles menées en 2010 par Mikołaj Urbanowski, dans la grotte de Stajnia, en Pologne que divers artefacts ont été mis au jour. Un poinçon taillé dans un os de cheval permettait à l’ouvrier de percer différents matériaux comme du cuir, de l’ivoire ou du bois. Une pendeloque en os de mammouth a été retrouvé près du poinçon.
La grotte de Stajnia a déjà fourni dans le passé des informations sur ses « occupants » .l En effet, les fouilles effectuées entre 2006 et 2010 ont mis au jour des restes dentaires fossiles de néandertaliens (Homo néandertalensis), ainsi que ceux d’animaux de la steppe et de la toundra du Pléistocène supérieur. Les restes néandertaliens avaient été datés de – 40 000 ans puis réévalués entre 80 000 et 116 000 ans selon une étude de 2020..
L’étude a été publiée dans Science Report le 25 novembre par les équipes de chercheurs de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive en Allemagne, de l’Université de Bologne en Italie, de l’Université de Wrocław en Pologne, de l’Institut géologique polonais-Institut national de recherche de Varsovie, en Pologne, et de l’Institut de systématique et d’évolution of Animals Polish Academy of Sciences,
Un pendentif gravé
L’objet, taillé dans de l’ivoire de mammouth mesure 4,5 cm sur 1,5 cm. C’est donc un morceau de pendeloque minuscule. Sur l’une des faces une série de ponctuations gravées semble faire un parcours en boucle sur la surface de l’ivoire.
Le communiqué de l’équipe précise « La décoration du pendentif comprenait des motifs de plus de 50 marques de perforations dans une courbe en boucle irrégulière et deux trous complets. Selon les chercheurs plusieurs explications sont proposées : une numérotation pour décompter le gibier, un système de numération, ou plus compliqué la représentation de la position d’un astre observée chaque jour depuis un même lieu (comme le cycle de la lune par exemple). Les hypothèses peuvent être nombreuses et il est probable que l’on n’aura jamais de certitudes.
A noter ce type de ponctuation en boucle a déjà été retrouvé dans le passé sur un autre artefact en Dordogne (France). C’est dans l’abri Blanchard à Sergeac dans le Périgord qu’une plaquette en os de renne a également été découverte et datée de – 33 000 ans . Cet os est gravé de 69 ponctuations arrangés également dans une courbe… La même proposition de calendrier lunaire avait été faite à son sujet.
On peut également signaler un autre os gravé de ponctuations et découvert en 1865 sous l’abri Lartet (Vallon des Gorges d’Enfer , Eyzies-de-Tayac) daté de plus de 30 000 ans.
La datation
C’est la datation qui est l’élément le plus impactant de l’étude. En effet sur un objet aussi petit il n’est pas concevable, pour déterminer son âge, de détruire l’artefact ! Spécialiste dans les datations radiocarbone, Sahra Talamo a pu déterminer l’âge du pendentif grâce à la spectrométrie de masse par accélérateur. C’est seulement un demi-gramme de matière qui ont été nécessaire pour dater l’artefact à 41 500 ans BP.
« C’est le plus ancien élément de parure connu de ce type en Eurasie et il établit une nouvelle date de départ pour une tradition directement liée à la propagation de l’Homo sapiens en Europe« , ont indiqué les chercheurs de l’étude.
Les chercheurs ont noté que le pendentif a été créé à une époque où les hommes modernes développaient pour la première fois des bijoux et d’autres formes de parure corporelle dans le monde entier. Pourquoi les humains ont commencé à utiliser des bijoux à cette époque est un mystère que les chercheurs essaient de comprendre, a déclaré Sahra Talamo.
« Les âges du pendentif en ivoire et du poinçon en os trouvés dans la grotte de Stajnia démontrent enfin que la dispersion de l’Homo sapiens en Pologne a eu lieu dès l’Europe centrale et occidentale. Ce résultat remarquable changera la perspective sur l’adaptabilité de ces premiers groupes et remettra en question le modèle monocentrique de diffusion de l’innovation artistique dans l’Aurignacien », explique le co-auteur Andrea Picin de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive de Leipzig.
Sources
Eurekalert
Newscientist