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La première civilisation de l’image
La première civilisation de l'image
George Sauvet
CNRS éditions
L’humanité et les images depuis la préhistoire
Présentation par l’éditeur :
Aujourd’hui, les images sont partout, dans les journaux, à la télévision, dans les rues, sur nos écrans. Mais nous n’avons pas conscience que cela remonte aux premiers Homo sapiens. Les chasseurs-cueilleurs paléolithiques furent en effet les créateurs de l’image. Pour « faire société », dans le sens où nous l’entendons, ils ont inventé la première civilisation de l’image dont nous sommes les héritiers. L’art paléolithique, aujourd’hui bien connu grâce aux médias et au développement des fac-similés, est sans doute le meilleur moyen d’aborder les humains de la Préhistoire et de leur redonner vie en tant qu’individus et membres de groupes sociaux. À quoi pensaient-ils ? Quels étaient leurs rêves ? leurs mythes ? Laissez-vous gagner par l’émotion en découvrant ces images paléolithiques si belles et intrigantes. Guidés par l’un des meilleurs spécialistes, vous suivrez les derniers acquis de la recherche et les hypothèses sur le message que ces artistes nous ont laissé, dans les profondeurs des cavernes. Ils nous aident à comprendre notre humanité et notre place dans le monde.
Editions Tautem
28 v 22 cm
200 pages.
Hominides.com
En cours de lecture
C.R.
L’auteur, Georges Sauvet
Georges Sauvet est professeur honoraire des Universités dans le domaine des sciences physiques. Spécialiste mondialement reconnu de l’art préhistorique, il a acquis une connaissance directe de plus de 300 grottes ornées de France et d’Espagne. Il fut responsable de l’étude de la grotte de La Griega (Ségovie, Espagne) et de celle de Bédeilhac (Ariège). Il est également l’auteur d’une base de données sur l’art paléolithique pariétal et mobilier, qui comporte actuellement plus de 30 000 images, 430 sites décorés et 900 gisements.
Sommaire de La première civilisation de l’image
INTRODUCTION
COMMENT EST NÉE L’ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUE?
La fascination du passé
Quelle archéologie aujourd’hui ?
L’émergence du symbolisme et la « naissance de l’art »
Quid d’un art néandertalien
L’ART PARIÉTAL PALÉOLITHIQUE ET LA SOCIÉTÉ
Le statut social de l’art
À quoi sert l’art ?
La diversité de l’art paléolithique
L’illusion d’une société égalitaire
Le rôle des réseaux d’échange.
Diffusion à très grande échelle
LA THÉMATIQUE DE L’ART PARIÉTAL
La thématique animalière
La thématique humaine
La thématique non figurative
LA FORME DE L’ART PALÉOLITHIQUE
Des techniques universelles
Les fonctions du style.
Codes visuels
Les morphotypes régionaux
L’action: animation et mouvement
La perspective signifiante
La latéralité: rendre visible une opposition
L’art paléolithique et la sémiologie
Mise en scène et art caché.
Un art rupestre en pleine lumière
LA COMPOSITION
Le mythogramme : un art crypté
De rares scènes narratives
Superpositions
Palimpsestes et contours inachevés
L’ART MOBILIER EN CONTREPOINT
La thématique
La forme
Calembour ou jeu graphique?
L’utilisation des formes naturelles
Des sites exceptionnels
LE PASSAGE DU TEMPS. ÉLÉMENTS DE CHRONOLOGIE
Les Homo sapiens en Europe
Le mirage de l’origine de l’art
Fondement d’une chronostylistique
La datation absolue
LES GRANDES THÉORIES ET LE DÉSARROI ACTUEL
Magie, totémisme, chamanisme, etc.
Le structuralisme. Et après ?
La vaine recherche du sens
GLOBALISATION DU PHÉNOMÈNE PARIÉTAL
L’art rupestre dans le monde
Les invariants.
Le mythe comme explication du monde
« Gravé dans le marbre »
La vie « posthume » des images
Quel futur pour la préhistoire ?
La société « post-moderne »
Un extrait de La première civilisation de l’image
UN ART RUPESTRE EN PLEINE LUMIÈRE
Il faut également signaler que l’art pariétal paléolithique ne se limite pas aux grottes profondes.
Depuis une quarantaine d’années, plusieurs sites de plein air ont été découverts. Les plus remarquables sont ceux de Siega Verde (Salamanque) et de Foz Côa (Portugal) de part et d’autre de la frontière hispano-portugaise, qui permettent de relativiser le rôle psychologique que l’on attribue volontiers à l’univers clos de la caverne. Dans les régions non karstiques, les hommes ont eu recours aux rochers exposés à la lumière du jour comme substitut afin d’y déposer les images qu’ils estimaient nécessaires pour « anthropiser » leur environnement. Les centaines de roches schisteuses qui s’étendent sur une vingtaine de kilomètres le long de la rivière Côa peuvent s’assimiler à des panneaux le long d’une galerie de grotte et permettent de dérouler les mêmes histoires. D’ailleurs, l’iconographie est la même : chevaux, aurochs, cervidés, caprinés, et les formes artistiques sont semblables à celles de la région cantabrique, ce qui montre que leurs auteurs sont les mêmes hommes, appartenant à une même culture, baignés dans les mêmes images et nourris des mêmes récits (figure 71).
L’art de Foz Côa a duré près de vingt mille ans, du Gravettien à l’Épipaléolithique, et a connu des changements notables quant à sa visibilité. D’abord disposées le long des plages de la rivière et profondément piquetées, les gravures étaient destinées à être vues du plus grand nombre (comme le cerf de Penascosa [figure 72a]). Plus tard, il semble que des lieux plus discrets furent choisis pour y faire des gravures finement incisées, donc plus difficiles à lire (figure 72b), ce qui suggère la présence indispensable d’un médiateur (Baptista 2009).