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Pleine lumière sur les artistes paléolithiques de la vallée du Côa
Un événement en lien avec l’exposition temporaire La vie au grand air ! Il y a 23 475 ans : chroniques solutréennes, présentée au Musée national de Préhistoire jusqu’au 12 mai 2025.
Pleine lumière sur les artistes paléolithiques de la Vallée du Côa
Le Solutréen est une période du Paléolithique Supérieur qui coïncide dans le temps avec le maximum du Dernier Glaciaire, quand le climat fut le plus rigoureux. En France, où la période fut premièrement reconnue et définie — sur la base de ses belles et caractéristiques pointes en silex — on associe donc le Solutréen avec la toundra, le mammouth, le rhinocéros laineux, le bison et le renne. Dans le Sud-Ouest ibérique il en était tout autrement. En façade atlantique, le climat était humide, favorisant le développement de glaciations dans la haute montagne, et l’exposition aux forts vents de l’ouest et aux eaux refroidies par les icebergs favorisa le développement de vastes champs de dunes qui couvraient une plateforme continentale qui s’étendait jusqu’à 40 km au-delà de la côte actuelle. Entre mer et montagne, il y avait un paysage de type « écossais » : des landes très ouvertes avec peuplements épars de pin sylvestre et des forêts galerie de type tempéré le long des lignes d’eau, où rôdaient librement cerfs, chevaux, aurochs et, dans les zones escarpées, bouquetins et chamois. Grace à sa latitude plus méridionale, la capacité porteuse de cet environnement riche en herbivores et en ressources végétales était bien plus haute et la densité de population elle aussi bien plus haute qu’ailleurs dans le monde solutréen tandis que, à l’inverse, les territoires de subsistance auront été bien plus réduits. Ce panorama implique des groupes unis par des réseaux d’interaction sociale très intense, expliquant pourquoi on assiste à ce moment-là à une explosion de l’art rupestre, comme suggéré par la vallée de la Côa, où la plupart des milliers de gravures au grand air qui décorent ses roches datent de cette époque. Bien qu’avec idiosyncrasies et particularismes, cet art, et bien aussi l’outillage en silex qui y est associé, témoignent aussi de réseaux de contact à longue distance, dont l’existence est par ailleurs matériellement démontrée par les études de provenance des matières-premières utilisées. C’est l’existence de tels réseaux qui permet de comprendre les parallélismes stylistiques et les synchronismes de phasage qui, entre Rhône et Tage, nous permettent d’interpréter le Solutreéen comme une culture archéologique, ou technocomplexe « unitaire ».
Le conférencier João Zilhao
Par João Zilhao, Professeur, Université de Lisbonne, UNIARQ – Centro de Arqueologia da Universidade de Lisboa
En visioconférence
Pour les personnes ne pouvant nous rejoindre à l’auditorium, cette conférence est également proposée en visioconférence. Merci de vous connecter 5 minutes avant l’heure au lien suivant : bit.ly/Visioconférence-25-10-2024
En pratique
Lieu
Musée National de Préhistoire
Auditorium
1, rue du musée
24620 LES EYZIES
Quand
Vendredi 25 octobre 2024
à 18h30
La vallée du Côa
La rivière Côa est un affluent portugais du fleuve Douro, l’un des principaux cours d’eau qui traversent les montagnes ibériques d’est en ouest. En amont, la rivière coule dans une vallée profondément engorgée, à travers des granites, et les 17 derniers kilomètres se transforment en méandres en roches métasédimentaires. Cette partie de la vallée du fleuve Côa et sa confluence avec le Douro préservent l’une des plus grandes concentrations d’art rupestre à ciel ouvert au monde. Sur un total de 1 200 roches décorées identifiées, 580 présentent des motifs pléistocènes.
L’art rupestre de la vallée du Côa a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998.
de Denis Vialou