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Les chateaux de Bruniquel
Les châteaux de Bruniquel
Exposition Préhistoire et Néandertal
A proximité de la grotte de Bruniquel
Tarn-et-Garonne
Situation
Les châteaux de Bruniquel, situés dans l’un des « plus beaux villages de France » entre le Midi-Quercy et l’Albigeois, sont perchés sur un éperon rocheux dominant les vallées de l’Aveyron et de la Vère. Bâtis respectivement au 13ème et au 15ème siècles, ces châteaux abritent deux expositions sur la Préhistoire. L’une expose la présence du Néandertalien en milieu spéléologique il y a 176.500 ans BP et l’autre expose la présence de l’Homo Sapiens Magdalénien dans quatre abris sous roche au pied de la falaise des châteaux, entre il y a 17.000 ans BP et 12.000 ans BP.
La découverte et l’étude de ces structures néandertaliennes révèlent des aspects inattendus et sophistiqués de ces premiers habitants, soulevant de nouvelles questions sur leurs capacités et leurs modes de vie. Les expositions et les visites des châteaux permettent au public de découvrir cette riche histoire archéologique.
Découverte de la Grotte de Bruniquel
La découverte de la grotte de Bruniquel en 1990 par Bruno Kowalczeski, alors adolescent passionné de spéléologie, marque le début d’une série de recherches archéologiques exceptionnelles.
L’Ours, omniprésent en ces lieux par ses griffades et ses bauges, ne passe pas inaperçu aux yeux des premiers explorateurs. Mais la grotte conserve surtout ces structures originales composées d’environ 400 stalagmites, ou tronçons de stalagmites, accumulées et agencées en des formes plus ou moins circulaires. Elles sont associées à des témoins d’utilisation du feu avec la présence de calcite rougie, noircie par la suie et éclatée par l’action de la chaleur, mais aussi des vestiges d’os calcinés.
Etudes et Analyses
© SSAC
Les premières études, dirigées par François Rouzaud, commencent en 1992. Des relevés de structures et une analyse approfondie des sols et des formations naturelles sont réalisés. En 1995, une datation au carbone 14 place les structures à au moins 47 600 ans BP. Cependant, ce n’est qu’à partir de 2014, avec les nouvelles technologies et la reprise des études par Sophie Verheyden et Jacques Jaubert, que des datations plus précises sont obtenues. La méthode uranium-thorium (U-Th) permet de dater les structures à 176 500 ans ± 2000 ans BP, confirmant ainsi l’ancienneté surprenante du site. Un article sera publié dans la revue Nature en mai 2016.
Concept de « Spéléofacts«
Aucune autre structure de stalagmites de cette ampleur n’étant connue à ce jour, l’équipe a développé un nouveau concept, celui de « spéléofacts », pour nommer ces stalagmites brisées et agencées. L’inventaire de ces 400 spéléofacts montre des stalagmites agencées qui totalisent 112 mètres cumulés et un poids estimé à 2,2 tonnes de matériaux déplacés.
Ces structures sont composées d’éléments alignés, juxtaposés et superposés (sur 2, 3 et même 4 rangs), avec des étais extérieurs, comme pour les consolider, et des éléments de calage. Des traces d’arrachement des stalagmites empruntées pour la construction sont observables à proximité.
Comportement des néandertaliens
La découverte de structures si complexes à une époque si reculée pose de nouvelles questions sur les capacités des Néandertaliens. Ces derniers, vivant bien avant l’arrivée de l’Homo sapiens en Europe, montrent une maîtrise avancée de l’espace souterrain, de l’éclairage et du feu. L’organisation sociale nécessaire à de telles constructions indique une sophistication inattendue chez ces premiers Européens.
Questions en Suspens
Près de 140 millénaires avant l’Humain moderne, les premiers représentants européens de Néandertal se seraient donc approprié les grottes profondes, y construisant des structures complexes, y apportant et entretenant des feux. Ces structures intriguent beaucoup les chercheurs à cause de leur distance par rapport à l’entrée actuelle et supposée de la grotte à l’époque. Ils s’interrogent quant à la fonction de tels aménagements, si loin de la lumière du jour. Si l’on écarte l’hypothèse peu viable d’un refuge, les structures étant trop loin de l’entrée, était-ce pour trouver des matériaux dont l’usage ou la fonction nous échappe ? S’agissait-il de raisons « techniques » comme le stockage de l’eau par exemple ? Ou de lieux de célébration d’un rite ou d’un culte ? D’une manière plus générale, les chercheurs constatent le haut degré d’organisation sociale des Néandertaliens nécessaire à une telle construction. Les recherches à venir tenteront donc d’apporter des explications sur la fonction de ces structures, principale question non résolue à ce jour.
La grotte de Bruniquel est située sur une propriété privée.
Toute visite est strictement impossible.
Quatre abris sous roche sous les châteaux
L’ancienne salle d’armes du château jeune de Bruniquel, est aujourd’hui dédiée à la préhistoire. Plus précisément aux abris sous roche situés dans la falaise sous les châteaux. Découverts entre 1854 et 1858, lors de la création de la ligne de chemin de fer entre Montauban et Lexos, ces 4 abris servaient de refuge aux chasseurs-cueilleurs de la période magdalénienne (17000 – 12000 ans BP). Les recherches archéologiques ont commencé par la fouille de l’abri Plantade et l’abri Lafaye par Victor Brun en 1864. L’abri Montastruc a été fouillé en 1867 et en 1947. L’abri Gandil a été fouillé entre 1929 et 1996.
Lors de ces fouilles, plusieurs milliers d’objets ont été mis à jour, principalement en silex et en bois de cervidés, mais aussi en os et ivoire de mammouth. Le nombre et la qualité de ces objets a permis de mieux comprendre la vie et l’évolution de la culture de la période magdalénienne ; et ce d’autant plus que l’occupation des abris est échelonnée sur 5000 ans. Les chasseurs-cueilleurs utilisaient ces abris sous roche de manière saisonnière, d’avril à début novembre. En effet, les cavités étant exposées à l’est, ces abris n’étaient pas propices à leur occupation en hiver.
mammouth, abri Montastruc – Bruniquel
© Tomas Matauko
La période magdalénienne se caractérise par la fabrication d’un grand nombre d’objets domestiques et d’armes avec en plus une grande expression artistique.
Les abris sous roche de Bruniquel sont remarquables par la grande quantité de silex découverts, la plupart en provenance du Verdier, dans le Tarn (à 15 km). D’autres en provenance d’Aquitaine, notamment du Périgord, étaient présents sur le site, indiquant que Bruniquel se trouvait sur un important axe de déplacement. Le travail de mise en forme de ces silex ainsi que leurs formes variées signalent des usages très variés : couteaux (long et étroit), grattoirs à peau, perçoirs, burins…
De nombreuses armes ont également été retrouvées, la forme évoluant en fonction de la période et des gibiers chassés. Les hameçons droits en os ou en bois de rennes ainsi que les harpons, révèlent quant à eux une activité de pêche plus intense vers la fin du magdalénien.
Les manifestations artistiques très nombreuses se retrouvent aussi bien sur la centaine de bijoux retrouvés que sur les sculptures, les gravures sur plaquettes ou encore sur les objets utilitaires tels que les propulseurs. Les propulseurs, armes de jet associées à une sagaie agissant comme un bras de levier, peuvent être très décorés. Les spécimens présents dans l’abri Montastruc offrent un décor en ronde-bosse tout à fait admirable. Exposés au British Museum à Londres ou au Musée d’Archéologie National à Saint-Germain-en-Laye, ils représentent un cheval bondissant sculpté dans du bois de rennes, un mammouth et deux rennes nageant taillés dans une défense de Mammouth.
© Tomas Matauko
Finalement, les restes humains, datés de 15 290 ans ±150 ans BP, de l’abri Lafaye sont remarquables pour leur état de conservation. La sépulture présente les restes d’une femme âgée d’une vingtaine d’années mesurant environ 1m55. Il s’agit d’un des squelettes les mieux conservés de la période.
L’ensemble de ces découvertes sont présentées dans la salle préhistoire située dans le château jeune. On trouvera également un fac-similé de peintures pariétales présentes dans la grotte de Mayrière, située sur la commune.
Hominidés.com remercie les châteaux de Bruniquel pour les documents (textes et photographies) necessaires à la réalisation de cette page.
Visite des Châteaux de Bruniquel – Infos pratiques
Châteaux de Bruniquel
Route des châteauxx
82800 Bruniquel
Horaires d’ouverture des châteaux 2024 :
Du 24 février au 31 mars : de 10h à 18h les week-ends uniquement.
En avril, mai et juin : de 10h à 18h en semaine et de 10h à 19h les week-ends.
En juillet et août : de 10h à 19h tous les jours
En septembre et octobre : de 10h à 18h en semaine et de 10hà 19h les week-ends.
En novembre : de 10h à 17h en semaine et de 10h à 18h les week-ends, jusqu’au 11 novembre inclus.
Fermeture annuelle des Châteaux le 11 novembre 2024.
Les Châteaux resteront ouverts en hiver, pour les groupes et uniquement sur réservation, à partir de 15 personnes.
Tarifs :
VISITE LIBRE ADULTE : 5€/réduit 4€*
VISITE LIBRE ENFANT : 3€
VISITE AUDIO-GUIDÉE : 5,50€/réduit 4,50€*
VISITE GUIDÉE ADULTE : 6€/réduit 5€*
VISITE GUIDÉE ENFANT : 4,50€
*Tarif réduit pour les personnes en situation de handicap, carte jeune région Occitanie et « Bon plans ».
Tarifs groupes : plus de 15 personnes
VISITE GUIDÉE / ADULTE : 4,50€
VISITE GUIDÉE/ ENFANT : 2,50€
VISITE LIBRE/personne : 3€
Tarif famille : gratuit pour le 3ème enfant.
Tarif enfant : pour les enfants à partir de 6 ans et jusqu’à 14 ans (tarif adulte à partir de 15 ans) ; gratuit pour les moins de 6 ans.
Visite guidée : Tous les jours à 11h et 15h.
Visite guidée possible en anglais et espagnol. Vérifiez la disponibilité auprès de l’accueil des Châteaux.
Laurent Carozza, Cyril Marcigny
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