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Des tracés au charbon de bois identifiés à Font-de-Gaume
Des tracé au charbon de bois identifiés à Font-de-Gaume
Des dessins au charbon sous les fameux bisons et rennes de la grotte ornée de Font-de-Gaume aux Eyzies ! Une étude publiée dans Scientific Reports.
Une grotte ornée polychrome
Même si la cavité de Font-de-Gaume est connue depuis toujours par les habitants de la vallée de la Vézère les peintures n’ont été identifiées qu’en 1901 par le préhistorien Denis Peyrony. Les premières recherches avaient permis de reconnaître près de 80 unités graphiques peinte ou gravées. Les recherches ultérieures ont augmenté le « catalogue » et c’est maintenant près de 200 représentations qui ornent Font-de-Gaume…
Une particularité de ces œuvres est l’utilisation de plusieurs couleurs pour peindre les animaux. À Font-de-Gaume, on note l’utilisation de rouge, de brun et de noir qui donnent du modelé et un aspect presque naturaliste aux animaux peints. Cette technique multi couleurs est appelé polychromie et elle est exceptionnelle dans l’art préhistorique. Dans le monde entier seules les grottes de Font-de-Gaume, Lascaux, Fontanet, Altamira et Ekain sont polychromes.
Pas de possibilité de datation directe ?
Pour dater l’art pariétal d’une grotte ornée il existe plusieurs méthodes. La première consiste à dater des artefacts dans le sol de la grotte mais sans pouvoir être sûr qu’ils sont contemporains des peinture ou des gravures… La deuxième est de dater les coulées de calcites qui ont éventuellement recouvert les représentations. La dernière consiste à dater les pigments eux-mêmes au radio carbone. Cette dernière méthode ne peut se faire que si le pigment est d’origine organique comme par exemple le charbon de bois. Malheureusement, à Font-de-Gaume les scientifiques n’avaient jusqu’à présent identifié que des pigments minéraux rouges, brun, noirs (ocre, manganèse, oxyde de fer…)
Ne pouvant réaliser de datation absolue, les œuvres de Font-de-Gaume sont attribuées, en comparant le style, à la période magdalénienne.
L’imagerie scientifique pour réétudier les peintures
L’imagerie scientifique du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France a été utilisée pour enregistrer les figures et les panneaux de la grotte de Font-de-Gaume. Plusieurs prises de vue ont été effectuées d’abord en lumière visible puis en infrarouge. Cette dernière, qui permet de pénétrer dans certaines couches de pigments a rendu visible des dessins au charbon sous les peintures pariétales…
La fluorescence X portable (pXRF) a été utilisée pour analyser la composition chimique des pigments. Cette technique, non invasive a permis de répertorier les éléments chimiques des pigments.
Dernière technique appliquée, la spectroscopie Raman portable permet d’identifier la nature chimique des composés de carbone. et de déterminer si le carbone est issu de charbon de bois ou d’autres sources organiques.
La réalisation des peintures à Font-de-Gaume
En plus du manganèse et des oxydes de fer les premiers peintres utilisaient du charbon de bois probablement issu de foyers ou de torches enflammées. La réalisation des peintures nécessitait bine un certaine préparation. Par ailleurs la superposition des couches peut s’expliquer par la succession de diverses générations de d’artistes.
Maintenant que la présence de charbon de bois est prouvée, il faudra passer par une phase plus invasive. Pour dater au radio carbone les scientifiques devront faire des micro-prélèvements au niveau des traces de charbon de bois.
Il sera donc possible de dater précisément la grotte de Font-de-Gaume
Sources :
First discovery of charcoal-based prehistoric cave art in Dordogne
Ina Reiche, Yvan Coquinot, Antoine Trosseau & Anne Maigret
Scientific Reports