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Des données génétiques extraites des dents d’un hominidé de 2 millions d’années.
Des données génétiques exhumées des dents d’un hominidé de 2 millions d’années.
Des chercheurs ont pu extraire des séquences de protéines dans les restes de dents de représentants de l’espèce Paranthropus robustus qui vivaient il y a 2 millions d’années en Afrique du Sud.
Les restes des Paranthropes ont été retrouvés sur le site de Swartkrans dans la région de Johannesburg. Cette espèce à l’alimentation végétarienne présente la particularité de posséder d’épaisses dents avec la plus épaisse couche d’émail identifiée à ce jour chez les hominidés. C’est donc à partir de l’email dentaire que les paléoanthropologues ont pu examiner des acides aminés, dans la couche externe minérale.
C’est avec un appareil à spectrographie de masse que les quatre échantillons provenant de dents distinctes ont délivré 425 acides aminés qui ont été séquencés.
Les quatre échantillons ici étudiés ont été prélevés dans la grotte de Swartkrans, à environ 40 kilomètres au nord-ouest de Johannesburg (Afrique du Sud). Depuis l’émail épais (couche externe minérale) des dents de végétariens des Paranthropus robustus, 425 acides aminés ont été séquencés et examinés grâce à la spectrométrie de masse.
Pour les chercheurs c’est inédit car c’est la première fois que des séquences protéiniques sont identifiées sur des fossiles d’hominidés datant de deux millions d’années. Pour l’archéologue Katerina Douka (Université de Vienne) « c’est un résultat incroyable : à cet âge, les restes se sont « presque transformés en pierre ».
Détermination du sexe
L’une des protéines, amélogénine-Y, a permis d’attribuer deux des dents à des individus mâles. L’absence de cette même protéine permet aux chercheurs de déduire que les deux autres individus étaient des femelles, ce qui a été confirmé car ils présentaient la version « féminine » du chromosome X de la protéine.
C’est une avancée importante car jusqu’à présent c’était uniquement les restes du squelette ou la paléogénétique qui permettaient de déterminer le sexe d’un individu. Le plus souvent, pour les adultes, les squelettes les plus grands et les plus robustes étaient associés à des mâles et les plus petits et plus frêles à des femelles. Ce qui n’est pas vérifié dans tous les cas de figures !
Quelques confirmations de l’arbre généalogique
L’étude de 400 des acides aminés a également permis aux chercheurs de confirmer une partie de l’arbre évolutif des hominidés. En se basant sur ces acides aminés il apparaît que les Homo sapiens, les Homo neanderthalensis et les Dénisoviens (un groupe humain dont les premiers restes génétiques ont été trouvés en Sibérie) qui ont évolué pendant les 200 000 dernières années, sont tous plus étroitement liés les uns aux autres qu’ils ne le sont avec le Paranthropus robustus daté de deux millions d’années.
Appliquer cette recherche protéinique sur l’ensemble des espèces pourrait préciser ou modifier l’arbre généalogique des hominidés. Il serait par exemple, imaginable de trouver la réelle place des australopithèques dans l’évolution… Il faut toutefois prendre en compte que cette recherche est destructive et que l’échantillon est partiellement détruit. Par ailleurs, plus les restes seront anciens moins il y aura de chance de trouver de la matière exploitable.
Source :
Oldest genetic data from a human relative found in 2-million-year-old teeth
https://www.nature.com/articles/d41586-023-02242-z
Photo Geo : Le plus ancien matériel génétique d’un parent humain, identifié dans des dents vieilles de 2 millions d’années
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