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Les peinture secretes de Mlle Lerman
Les peintures secretes de mlle Lerman
paru initialement sous le titre Un trésor sous la colline (De Borées éditions) Véronique Chauvy
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Présentation de l’éditeur
A la rentrée scolaire de 1897. Julia Lerman est nommée institutrice à Montignac. Elle est libre, en avance sur son temps et ne laisse personne indifférent. Pourtant intégrer le sérail de cette petite cité périgourdine ne sera pas chose aisée.
Orientée par le devoir de Lucie, une élève à laquelle elle s’attache, l’institutrice découvre dans les environs une caverne ornée de peintures pariétales. Elle se heurte dans un premier temps au refus du propriétaire qui lui en interdit l’accès. Celui-ci, un savant néerlandais qui vit en reclus, serait pourtant le plus à même de comprendre sa passion pour les recherches préhistoriques.
En parallèle, 35 000 ans auparavant, un homme qui fuit sa tribu fait la découverte d’un étrange clan… auquel il va tenter de se lier.
Le destin de Julia serait-il un écho de la préhistoire ?
448 pages
111 x 177 mm
Poche
Hominides.com
Accrochez vous allez faire un double voyage dans le temps !
Une plongée dans le Périgord des découvertes préhistoriques à la fin du 19ème pour commencer. Suivons Julia, jeune institutrice nommée à l’école de jeunes filles de Montignac. Si elle a choisit cette région c’est parce qu’elle est fascinée par la science préhistorique naissante et aussi pour s’éloigner d’histoires qu’elle voudrait oublier !
A cette époque, être une jeune femme, célibataire, institutrice et intéressée par les ossements est assez inhabituel. Le Périgord est une région qui attire un grand nombre de passionnés comme des antiquaires et des anglais mais c’est également une région ou les découvertes et les « étrangers » ne sont pas forcément vus d’un bon oeil…
Julia va naviguer dans une région qui l’attire mais ou elle ressent souvent qu’elle n’est pas toujours acceptée. Et pourtant elle va, grâce à une de ses élèves, découvrir une cavité ou l’homme préhistorique a laissé des traces
En parallèle, vous faites un autre bond dans le temps. Il y a 35 000 ans, dans ce qui allait devenir le Périgord, Baram, un Homo sapiens isolé de son clan va être retenu par des néandertaliens. Il va peu à peu faire partie de ce nouveau clan et commencer à mieux en comprendre les rites et coutumes.
Cette histoire préhistorique va rejoindre l’histoire de Julia mais cela c’est à vous de le découvrir !
Une excellente reconstitution documentée des périgourdins et périgourdines de la fin du 19ème, avec ses croyances, ses rejets, l’importance de l’éducation, l’évolution du féminisme… On suit les mésaventures et les doutes de cette institutrice sans jamais s’ennuyer.
Un livre pour voyager dans le temps dans le Périgord des années 1900.
C.R.
L’auteure Véronique Chauvy
Après des études de droit, un début de carrière dans l’administration scolaire, des engagements associatifs, Véronique Chauvy se lance dans l’écriture.
Un trésor sous la colline est son sixième roman aux éditions De Borée. Après les univers de la confiserie, des mines de plomb, de la course automobile, elle continue de nous surprendre, toujours à travers les prisme d’une héroïne, avec un autre sujet qui la passionne : la préhistoire.
Un extrait de Les peintures secretes de mlle Lerman
Sa remarque lancée de manière anodine déclencha une repartie acide de la receveuse des Postes:
Mais cela ne veut rien dire! Il y a toute une variété de terroirs différents dans le Périgord !
Apolline Marelle, une femme au visage sillonné de rides, les cheveux gris tirés en un chignon serré comme une pelote de laine, reposa vigoureusement le verre dont elle venait d’avaler la dernière gorgée.
Moi, par exemple, je suis de Bergerac. Mon pays, c’est la rivière Dordogne ! C’était aussi le vignoble qui hélas, a été détruit par le vilain puceron ! ajouta-t-elle d’un ton plaintif.
Les vignes renaissent du côté de Monbazillac tout n’est pas perdu, en voila la preuve ! tempera le maire en se resservant.
Ici, c’est autre chose, poursuivit Mme Marelle en humant le liquide doré, ce sont les chênes verts, les pins, les châtaigniers. C’est à ces taillis sombres que le Périgord noir doit son nom…
Un Périgord noir que la roche éclaire ! s’exclama le notaire. Un peu après Montignac, les méandres de la Vézère ont sculpté de belles falaises de calcaire ocré, favorisant un habitat primitif. D’ailleurs, c’est cela qui vous a attirée, n’est-ce pas, mademoiselle Lerman ?
Julia ne put s’empêcher de sourire. Le visage sec de l’homme, au front très haut, ses joues glabres et creusées lui évoquaient précisément un assemblage de silex polis.
Oui, maître Bouysserie. J’aimerais parcourir les environs pour connaitre la géologie d’abord, ensuite chercher si je peux trouver trace d’une occupation humaine à l’époque du paléolithique. On a découvert près du bourg des Eyzies des sites préhistoriques qui m’y incitent.
Vous faites sans doute référence à l’abri de Cro-Magnon qui a donné son nom à l’homme désigné comme notre ancêtre immédiat ? intervint l’antiquaire. Ça a fait du bruit, cette affaire de vieux squelettes mis au jour lors du percement d’une route; c’était en 1868, j’avais une dizaine d’années, mais je m’en souviens bien…
Julia considéra son interlocuteur un bref instant avant de répondre. Elle s’avouait que le personnage l’avait impressionnée quand il lui avait été présenté. « M. Richard Vozel, notre antiquaire, un dénicheur de trouvailles toutes plus extraordinaires les unes que les autres ! » avait cité Édouard Martin. Stupéfaite, Julia avait eu peine à réaliser qu’elle avait devant elle, le casque colonial et le fusil en moins, la réplique d’Henry Stanley, celui-là même dont la photographie l’avait fait rêver, adolescente, et dont elle ne se lassait pas de relire l’épopée en Afrique lorsqu’il était à la recherche du Dr Livingstone. Les épaules cintrées dans une vareuse de toile écrue, la taille serrée dans un épais ceinturon, le pantalon enfoncé dans des bottes cavalières. l’homme poussait le mimétisme jusqu’à arborer une fossette au menton, sous une moustache aux pointes soigneusement lissées vers le bas.
Aux tempes qui commençaient à grisonner, elle lui avait donné la quarantaine, ce que confirmait la remarque qu’il venait de lancer.
Elle affermit sa voix pour ne pas laisser transparaitre le léger trouble que la ressemblance lui inspirait.
Effectivement, répondit-elle. l’ai aussi entendu parler de la grotte de la Mouthe, une caverne ornée. Depuis trois ans qu’elle est explorée, elle bouleverse le monde des préhistoriens; après avoir fait preuve de scepticisme, ils semblent amenés à reconnaître l’existence d’un art pariétal!
C’est possible, admit Richard Vozel. Il est vrai que le coin fourmille de cavités
Julia acquiesça:
Cela me donne espoir de trouver des vestiges de nos ancêtres du côté de Montignac.
Quand même! intervint Noëlle Bouysserie. Vous croyez que vous allez pouvoir excursionner dans les cavernes et autres recoins obscurs ? Une femme !…