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Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire
Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’Histoire : quand on inventa l’agriculture, la guerre et les chefs
Que s’est-il passé au néolithique ?
Un livre de Jean-Paul Demoule
Editions Fayard / Pluriel
Que s’est-il passé au néolithique ?
Pendant 99 % de l’histoire de l’humanité, l’homme a été un nomade chasseur, pêcheur et cueilleur. Comment est-on passé aux sociétés inégalitaires et sédentaires qu’on connaît aujourd’hui ? Que s’est-il passé pendant ces dix millénaires trop souvent absents de notre culture générale et médiatique ?
Une invention décisive, en plusieurs endroits du globe : celle de l’agriculture – et de l’élevage. Grâce à elle, la population humaine va s’accroître rapidement, prendre le contrôle de la planète ce qui débouchera sur la création des premières villes, des premiers États et, finalement, de l’écriture et de l’histoire…
Jean-Paul Demoule explore les pratiques de cette « révolution néolithique » (la guerre, le travail ou encore la religion) avec la hauteur de vue de l’archéologue et la passion de transmettre. Il bouscule notre vision de la préhistoire et notre rapport au monde tel qu’il est, ou tel qu’il pourrait être.
Editions Fayard / Pluriel
320 pages
11 x 17,8 mm
Hominidés.com
Dans cet ouvrage le préhistorien Jean-Paul Demoule, grand spécialiste du néolithique, revient sur tous les évènements connus qui ont bouleversé la face du monde en 10 000 ans.
Le mot bouleversé n’est pas exagéré car vous allez découvrir à la lecture des pages que ces fameux 10 000 ans sont vraiment à l’origine de ce qui fait nos sociétés actuelles. Notre alimentation basée sur l’agriculture et l’élevage, nos regroupement sous forme de villes (ex-villages !), nos outils et surtout la notion de travail, nos croyances et nos dieux, la guerre, les chefs, les tombes et les mausolées… bref toute notre vie au quotidien est directement issue des avancées du néolithique.
Bien sur nos plus jeunes générations ne s’en rendent pas compte car ils sont nés « avec », mais cette période a été en vraie rupture avec les précédentes (mésolithique et paléolithique). Même les familles ne sont plus les mêmes car « là ou les chasseuses cueilleuses avait 1 enfant tous les 3-4 ans, les agricultrices en auront tous les ans… » Le résultat fut une démographie exponentielle, Jean-Paul Demoule souligne : il y a 12 000 ans on est passé de quelques centaines milliers de chasseurs-cueilleurs… à aujourd’hui 7,8 milliards sur le planète ! C’est certainement ce boom démographique qui est la principale cause de l’explosion néolithique.
Avec cet ouvrage vous comprendrez mieux les bases de notre civilisation avec ce qui a contribué à sa construction, mais également ce qui a participé à l’adoption de nos modes de vie actuels.
Une passionnante plongée dans nos origines « récentes », avant l’invention de l’écriture… et avec le style de Jean-Paul Demoule, à la fois documenté et clair.
C.R
L’auteur, Jean-Paul Demoule
Jean-Paul Demoule, archéologue et ancien président de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), est professeur émérite à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Spécialiste du néolithique et de l’âge du Fer, il a fouillé en France, en Grèce et en Bulgarie, et a publié une vingtaine d’ouvrages dont La révolution néolithique en France ( La Découverte, 2007) Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident (Seuil, 2014), Trésors. Les petites et grandes découvertes qui font l’archéologie (Flammarion, 2019) et Aux origines, l’archéologie (La Découverte, 2020). Il a également co-dirigé le monumental collectif Une histoire des civilisations (La Découverte, 2018).
Sommaire de « Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire »
Introduction
Qui a inventé l’agriculture (et l’élevage) ?
Qui a inventé les maisons et les villages
Qui a inventé les outils, le métal et la roue (et le travail) ?
Qui a inventé les dieux (et Dieu) ?
Qui a inventé l’art (et le design) ?
Qui a inventé les chefs (et la servitude volontaire) ?
Qui a inventé la guerre (et les massacres) ?
Qui a inventé les tombes et les cimetières ?
Qui a inventé la domination masculine ?
Qui a inventé les migrations (et les immigrés) ?
Qui a inventé les peuples, les ethnies et les nations ?
Conclusion. Les raisons d’un zapping
Annexes
Bibliographie
Index
Un extrait de « Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire »
Les religions de l’agriculture
En Europe, la fin de la dernière glaciation, il y a environ 12 000 ans, entraîne un bouleversement total de l’environnement, et donc des modes de vie : c’est le Mésolithique. Une forêt vierge, on l’a vu, composé d’essence tempéré, chênes, hêtres, tilleuls, recouvre le continent, parcouru de cerfs, sangliers, ours, aurochs ou loups. Les animaux habitués au froid, rennes ou mammouths, sont remontés vers le nord, tendit que les chevaux, friands de grands espaces découverts, se concentrent dans les zones de steppe ou de prairie. Dans ce nouvel univers, les chasseurs-cueilleurs changent insensiblement de croyances et de représentation. Les grottes et leur peintures sont abandonnés, les images se raréfient.
Dans l’ouest de l’Europe, on se contente de peindre ou de graver des motifs abstraits sur des galets plats. Dans les marécages du nord de la Russie en modèle aussi de frustes statuette en bois, animaux ou humains, qui, grâce a l’humidité de la vase, ont été conservé jusqu’à nous. Peut-être existaient-elles aussi dans d’autres régions, puisqu’on n’en retrouve incidemment ailleurs dans diverses régions au cours des millénaires suivants. Sur les bords du Danube, dans le défilé des Portes de Fer aux confins de la Serbie et de la Roumanie, des chasseurs-cueilleurs, mais aussi des pêcheurs, sculptent de gros galets, mis-humains, mi-poissons, et les déposent dans les tombes. La repousse de la forêt a ainsi cloisonné les territoires et l’unité stylistique de Vénus paléolithiques, qui s’étendait du Périgord jusqu’à l’Ukraine, a disparu au profit de styles régionaux très divers, et très diversement connus. Mais l’arrivée des colons agriculteurs venus du Proche-Orient, apportera une nouvelle vision du monde.
Au Proche-Orient l’émergence des premières sociétés agricoles apparu à partir de 10 000 ans avant notre ère en plusieurs en plusieurs points du monde ne modifie pas dans un premier temps la thématiques des représentations du paléolithique. La révolution économique, technique et sociale du néolithique va cependant les démultiplier. Ce sont toujours en majorité des statuettes de femmes nues, cette fois majoritairement en terre cuite, une nouvelle invention technique, et non plus en pierre ou en ivoire, que l’on retrouve sur les sites archéologiques. Mais à la faveur de la sédentarité et de l’accroissement continu de la population les rituels se font plus complexe. Les relations avec le surnaturel ne semble plus traitées au sein niveau du groupe familial, de la maisonnée, même si les cultes domestiques se poursuivront jusqu’à nos jours dans la plupart des religions, qu’il s’agisse d’un crucifix avec sa branche de buis consacrée, d’un chandelier à neuf branches (menorah) ou d’un hôtel portatif avec statuettes et bougies.
De véritables bâtiments voués à des cultes collectifs peuvent être désormais identifiés. L’un des sites les plus spectaculaire est celui de Göbekli Tepe dans le sud-est de la Turquie, aux confins de la Syrie et du Kurdistan. Vers 9 000 ans avant notre ère, une vingtaine d’impressionnantes structures circulaires en pierres ont été construites, donc quatre ont déjà été fouillées par une équipe allemande. Elles passent pour avoir été les premiers temples de l’histoire humaine.
Laurent Carozza, Cyril Marcigny