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Les mégalithes dans la région de Carnac
Carnac, région mégalithique
La région de Carnac concentre un nombre impressionnant de sites et « mégalithes » : les fameux alignements, les tumulus, les dolmens…
Massif armoricain – Bretagne
De nouvelles populations
Les néolithiques de Carnac sont probablement issus de migrations des deux grands courants de néolithisation : le courant danubien (culture rubanée) et le courant méditerranéen (culture de la céramique cardiale), qui ne sont en fait issus que d’une seule et unique population. Ces peuples « conquérants » arrivent avec leurs propres histoires, leurs savoir-faire, leurs cultures et probablement leurs croyances. Avec une natalité 3 fois plus élevée, ces premiers agriculteurs vont supplanter les derniers chasseurs-cueilleurs du Mésolithique et sont à l’origine des mégalithes de Carnac.
Grégor Marchand, archéologue, précise : « Des synthèses récentes concernant l’histoire génétique des populations humaines viennent appuyer cette pétition de principe – davantage qu’une hypothèse – d’un même espace d’interactions potentielles. L’arrivée de nouvelles populations humaines au Néolithique en Europe est un événement indubitable (Rivollat et al., 2015, 2016 ; Rivollat, 2016 ; Lipson et al., 2017), mais elle vient s’agrémenter de métissages progressifs avec une population de chasseurs-cueilleurs par ailleurs assez uniforme à l’échelle de l’Europe de l’Ouest« .
Le mégalithisme
Si la région de Carnac présente « la plus grande densité de mégalithes au monde » ce n’est pas le seul site ayant dressé des pierres ! Le premier qui vient à l’esprit, mondialement connu, est le site de Stonehenge en Angleterre, avec ses cercles de pierres à l’origine de nombreuses hypothèses. On trouve également des mégalithes un peu partout en Europe, comme les alignements de Ale en Suède, le dolmen de Soto en Espagne, le dolmen à Knockbrack en Irlande… Il y a au minimum 50 000 mégalithes rien qu’en Europe ! Un peu plus loin, des cercles de pierres un peu plus récents ont été recensés, comme a Sine Ngayène en Sénégambie.
Il y a 7 000 ans les hommes ont commencé à changer et marquer la région de Carnac en modifiant le paysage. Ils ont acheminé, taillé et levé des pierres, construit des couloirs, taillés des stèles, érigé des buttes… Bref, ils sont les premières générations « d’européens » à laisser des traces monumentales de leur passage que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Cela n’a pu se faire qu’avec une volonté forte, partagée par plusieurs milliers d’hommes et de femmes, tous engagés dans un projet commun sur plusieurs générations… il y a 7 000 ans !
L’archéologue Jean-Paul Demoule, spécialiste du Néolithique « distingue des mégalithes à usage funéraire (pour lesquels on utilise souvent le terme de dolmen, « table en pierre » en breton) et ceux à fonction de signalement ou en délimitation, les menhirs (« pierre longue » en breton) – un peu comparable aux obélisques égyptiens« .
Des stèles gravées
Un grand nombre des stèles de la région sont gravées de signes, particulièrement celles qui ont été ensevelies sous les tumulus ou les cairns. Il apparait que les pluies depuis 6 500 ans ont eu raison des gravures exposées aux intempéries. Ce qui expliquerait pourquoi les gravures sont bien conservées sur les stèles abritées sous les dolmens et les tumulus.
Les roches qui ont servis de support aux gravures sont dures : le granit, l’orthogneiss et le quartz…
Pour travailler cette matière les chercheurs ont pu valider que les gravures étaient effectuées par piquetage de la roche, soit en creusant des sillons pour faire apparaître le dessin (comme le font les enfants avec un doigt dans le sable pour dessiner), soit en retirant de fins éclats de roches autour de la représentation pour la faire apparaître en « relief » en ronde-bosse.
En archéologie expérimentale, afin de limiter les vibrations répétées dans le corps, les archéologues ont émis l’hypothèse que les graveurs utilisaient un percuteur guidé d’une main et un outil emmanché de l’autre.
A voir autour dans la région de Carnac
Mégalithisme Carnac | Alignements de Carnac | Locmariaquer |
Cairn de Gavrinis | Tumulus Saint-Michel | Le Musée de Préhistoire |
Les alignements de Carnac
Le tumulus de Gavrini
Locmariaqer
Tumulus Saint-Michel
Musée de Préhistoire de Carnac
Lexique
Cairn (du celte karn qui veut dire « tas de pierres »)
Un cairn est un tas de pierres entassées par des êtres humains, généralement au-dessus d’une ou plusieurs sépultures. On les trouve en Bretagne, en Irlande et en Ecosse.
Dolmen (du breton taol et maen qui veut dire table de pierre)
Le dolmen est un monument mégalithique composé de piliers et d’une ou plusieurs dalles horizontales. Si les piliers et les dalles sont nombreuses ils forment un dolmen à couloir.
On les trouve principalement en France, en Irlande, en Ecosse, au Portugal, en Espagne, en Belgique, en Allemagne, en Afrique du Nord…
Tumulus
Le tumulus est une butte artificielle qui recouvre une structure funéraire, dolmen ou chambre funéraire. Elle peut être constituée de terre uniquement, ou de cailloux et de terre.
On trouve les tumulus de pierres en Bretagne, en Écosse et en Irlande.
Les allées couvertes
A partir de 5 500 BP, un mégalithisme plus mesuré s’est développé. Ce sont des sortes de coffrages en pierre, rarement en bois, qui mesuraient une vingtaine de mètres de longueur sur 2 mètres de largeur. On y pénétrait par une dalle percée d’un « orifice circulaire ». Ces édifices n’étaient pas recouverts de terre ou de pierre. Ils servaient de sépulture pour un grand nombre d’individus (probablement du même clan) qui étaient déposés au fur et à mesure des décès.
Sources
Sentes et ravines des mondes mésolithiques : pour une perspective plus symétrique de la néolithisation
atlantique, Grégor Marchand.
Histoire et peuplement de la France.
Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire, Jean Paul Demoule.
Menhirs, dolmens et allées couvertes, Romain Pigeaud
A lire
Un livre de Dominique Cliquet