Lady Sapiens – Documentaire

Un documentaire de grande envergure pour casser les stéréotypes. Si l’on regarde les livres, les illustrations et même les films en rapport avec la préhistoire, on ne s’étonne même plus que, dans le paysage paléolithique, on ne voit que des hommes… La question ne se pose pas… Les femmes sont souvent reléguées au second plan, voire même de simples figurantes. Mais pourquoi ?
Jusqu’à présent, il était évident que l’homme préhistorique chassait, protégeait son clan, taillait des outils et était même l’auteur des fresques d’art pariétal… La femme préhistorique ? euh… elle s’occupait des enfants… et accouchait aussi de temps en temps !
Cette vision stéréotypée date des débuts de ll’étude de la Préhistoire, où les scientifiques étaient tous des hommes, dans une société où le rôle de la femme était subalterne… presque facultatif (sauf pour faire ou s’occuper des enfants).
Ainsi, de générations en générations, l’homme préhistorique s’est naturellement imposé comme la figure et l’acteur unique.
Pour construire ce documentaire sur la femme aux temps paléolithiques, les auteurs sont allés chercher des spécialistes internationaux reconnus dans leur spécialité. Le but était de reprendre les stéréotypes pour vérifier qu’ils correspondaient à la réalité.
Avant de chercher la nouveauté, il est parfois utile de reprendre ce qui à déjà été trouvé : le squelette décoré de coquillage de l’homme de Menton a longtemps été attribué à la gente masculine avant que l’étude de son squelette ne montre qu’il appartenait en fait à… une femme !
La sépulture d’un « guerrier » de 2 600 ans accompagné de ses armes (hache, arc, flèches) n’a été attribué à une femme qu’après une étude génétique approfondie ! Bref, il faut en réalité se méfier des « preuves » de masculinité !
Reprenant les découvertes sur de nombreux gisements, les auteurs ont cherché à savoir si c’était bien un homme qui pouvait en être l’auteur (fabrication d’outils, façonnage de perles, peinture pariétale, chasse avec armes…). Et, malheureusement pour le préhistorien macho, il est souvent très difficile de prouver que c’était un homme qui était aux commandes ! Parfois il y a même des indices sérieux démontrant que c’était plutôt une femme…
Bref, les choses ne sont pas aussi manichéennes que l’on ne le pensait et le partage des tâches chez les paléolithiques n’était certainement pas aussi binaire qu’on le croyait…
Le documentaire aborde toutes ces thématiques sur lesquelles ont peut maintenant se poser des questions et entrevoir (ou pas) des réponses argumentées. Les initiateurs du projet ont mis 3 ans pour écrire, tourner et réaliser ce documentaire de 90 mn. Ils ont interviewé des préhistoriens, des paléoanthropologues, des généticiens, qui ont pu apporter leurs contributions éclairées*.
Grande nouveauté sur ce type de documentaire, l’utilisation d’images de synthèse créées grâce à la technologie issue du jeu vidéo Far Cry Primal, de Ubisoft. Un moyen intelligent pour attirer les plus jeunes vers des sujets scientifiques…

Une vraie réussite pour une vraie première !

C.R.

Parmi tous les spécialistes qui interviennent dans le documentaire on peut citer Randal White, Evelyne Heyer, Jean-Jacques Hublin, Sophie Archambault de Beaune, Romain Pigeaud, Marylène Patou-Mathis, Nicholas Conard, Kristen Hawkes …

La paléogénéticienne Évelyne Heyer (musée de l’Homme, Paris) révèle une athlète à la peau noire et aux yeux bleus, qui choisit son partenaire en dehors de son clan pour assurer sa descendance. Les scientifiques Jean-Jacques Hublin (Institut Max-Planck, Leipzig) et Kristen Hawkes (Université d’Utah, États-Unis) racontent comment les jeunes adultes pouvaient confier les enfants aux bons soins des grands-mères, capables de les nourrir pendant qu’ils se livraient à des activités plus physiques, telles que la chasse. Sophie Archambault de Beaune, préhistorienne et conseillère scientifique du film, raconte que la répartition des tâches se faisait moins entre hommes et femmes qu’en fonction des compétences de chacun. Ensemble, en partageant leurs travaux les plus récents, une trentaine de scientifiques internationaux brossent un portrait nuancé, complexe, d’une femme respectée et honorée, mère, fine artisane, mais aussi chasseresse ou artiste… Une femme pluriell