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Il y a 790 000 ans les hominidés étaient omnivores !
Une étude sur le site de Gesher Benot Ya’aqov confirme ce que nous savions déjà : il y a 790 000 ans les hominidés (Homo erectus ?) consommaient des végétaux et pas seulement de la viande !
Le site de Gesher Benot Ya’aqov
Le site de Gesher Benot Ya’aqov en Israël a été l’objet de grandes campagnes de fouilles depuis sa découverte. En 1930, la célèbre archéologue Dorothy Garrod et Moshe Stekelis ont fouillé les premiers le gisement. Dans les années 60, c’est Isaac Gilead qui a repris le flambeau, suivi entre 1989 et 1997 par Naama Goren-Inbar et son équipe. Au total, ce sont plus de 14 niveaux stratigraphiques qui ont été découverts, ce qui représente pas moins de 34 mètres de dépôts sédimentaires lacustres.
Le site est situé dans le nord de la vallée du Jourdain, sur les rives du lac Hula. Cette configuration humide particulière a permis une préservation exceptionnelle de certaines matières organiques sur des centaines de milliers d’années. Les chercheurs ont ainsi pu exhumer des morceaux de bois, des traces de végétaux, au milieu d’ossements d’animaux et d’outils de pierre. A noter qu’à ce jour aucun reste humain n’a été retrouvé sur le site. Ce campement, vieux de 780 000 ans, est attribué à Homo erectus.
Des restes botaniques
Le professeur Naama Goren-Inbar, (Institut d’archéologie de l’Université hébraïque de Jérusalem) et son équipe ont étudié les nombreux restes végétaux retrouvés dans la couche archéologique datée de – 790 000 ans (confirmée par des datations Ar/Ar et le paléomagnétisme). Les 9 000 restes botaniques appartiennent à 55 espèces de plantes comestibles, dont des fruits, des graines, des noix, des pépins, des feuilles, des tiges, des racines et des tubercules.
« Ces dernières années, nous avons pu identifier de nombreux restes de fruits, de noix et de graines d’arbres, d’arbustes mélangés à des restes d’animaux et d’outils de pierre dans la même couche archéologique », a précisé le professeur Naama Goren-Inbar.
Pour l’un des chercheurs, le Dr Melamed, « cette région est connue pour la richesse de ses plantes, mais ce qui nous a surpris, ce sont les sources de nourriture végétale provenant du lac. Nous avons trouvé plus de 10 espèces qui existaient dans la région à la préhistoire (et disparues depuis) dont sept étaient comestibles. En particulier, les équipes ont identifié deux types de noix d’eau comestibles ».
Changement de régime alimentaire ?
Pour l’équipe dirigée par Naama Goren-Inbar, cette accumulation de restes botaniques indique que les hominidés qui vivaient ici il y a 790 000 ans avaient un régime alimentaire basé en grande partie sur la flore et la végétation. Ils rajoutent que ce régime devait être enrichi par des protéines animales provenant de poissons, d’amphibiens, de reptiles et de mammifères.
Cette découverte sur le site n’est pourtant pas révolutionnaire. Toutes les dernières études montrent que le régime des hominidés était varié et que même Néandertal « le boucher » devait consommer des fruits, des légumes, des coquillages et même cuire son potage !
Les hominidés sont omnivores et cela est démontré de différentes manières :
– les stries microscopiques sur nos dents peuvent montrer notre type d’alimentation mixte, végétale et carnée,
– l’analyse chimique des os indique les proportions de strontium et de calcium et le côté mi-herbivore, mi-carnivore de nos ancêtres,
– l’analyse des plaques dentaires calcifiées sur les fossiles laisse apparaître des restes d’amidon (preuve de la consommation de céréales…),
– le tartre fossilisé peut également contenir des restes de repas, car nos ancêtres ne se brossaient peut-être pas souvent les dents…
Bref, cette nouvelle étude est intéressante mais elle ne révolutionne pas vraiment celles sur l’alimentation des hommes préhistoriques. Par ailleurs, sans remettre en cause les conclusions, le fait de trouver énormément de déchets végétaux sur un site préhistorique n’implique pas forcément que les hominidés les consommaient. En revanche, des traces sur et entre les dents fossilisées semblent plus explicites !
C.R.
Sources
Sciencedaily
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