Accueil / Spécialistes / Elisabeth DAYNES
Elisabeth DAYNES
Plasticienne
Biographie
Plasticienne de renommée internationale, Élisabeth Daynès se présente comme
une paléo-artiste ou sculpteur en Préhistoire. Elle travailla d’abord pour le théâtre
puis pour le cinéma.
1960 : Naissance à Béziers, dans le Sud de la France.
1967 : Dès l’âge de sept ans, prend des cours de dessin et de peinture.
1981 : Intègre la troupe de la Salamandre au théâtre national de Lille et réalise ses premiers masques et maquillages de comédiens.
1982 : Signe ses premiers effets spéciaux et commence à maîtriser matières et matériaux (résine, silicone, colorants et terre de faïence).
1984 : À 24 ans, crée son propre atelier de sculpture à Paris, dans le quartier de Belleville.
1988 : Naissance de sa passion pour la Préhistoire lorsque le musée du Thot près de la grotte de Lascaux, en Dordogne, lui commande un mammouth et un groupe de Magdaléniens grandeur nature.
1990-1996 : Apprend à décrypter les origines de l’homme au contact de spécialistes. En 1991, l’ouverture du musée de Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, lui offre une notoriété nationale et lui ouvre une carrière dédiée à la reconstruction des fossiles les plus célèbres du monde.
1996-1997 : Rencontre avec Jean-Noël Vignal, anthropologue médico-légal, qui marque une étape décisive dans sa carrière de sculpteur en Préhistoire. Il lui apporte la technologie, elle se perfectionne en anatomie.
En Allemagne, succès des expositions du musée de Néandertal et du magazine Géo. Est consacrée meilleure artiste européenne dans sa spécialité.
1997-1999 : Découvre Tahiti et ses îles. Conçoit et réalise le musée de la Perle à Papeete. Sa reconstitution de Lucy, l’australopithèque, part à l’Institut national d’anthropologie et d’histoire de Mexico City.
2001 : Fait la couverture de Science. de Dmanissi, deux Homo erectus de 1,8 million d’années, en collaboration avec l’archéologue David Lordkipanidze. Une autre reconstitution de Lucy est présentée au Field Museum de Chicago.
2003 : En Géorgie, recrée le « couple »
2004 : Admiratrice d’Auguste Rodin et de Camille Claudel, accepte la proposition du musée allemand de Halle de créer un homme de 200 000 ans dans la position du Penseur.
2005 : Le musée des Sciences CosmoCaixa à Barcelone présente cinq de ses créations au milieu d’une exposition consacrée aux formes de la nature. Cinq créations supplémentaires seront commandées par le CosmoCaixa de Madrid, ainsi que deux reconstructions hyperréalistes d’Albert Einstein à 25 ans et à 70 ans, qui deviendront les emblèmes du musée.
Fait la couverture de Nature.
2006 : Accède à la notoriété internationale avec le buste du jeune pharaon Toutânkhamon, reconstruit pour l’exposition The New Face of King Tut, à Los Angeles et Chicago. Fait la couverture des 25 éditions du National Geographic avec Toutânkhamon.
2007 : À Paris, le musée de l’Homme présente en avant-première « Flores », la reconstruction d’un hominidé d’origine indonésienne qui suscite de nouveaux débats sur la phylogénie humaine.
2008 – 2009 : Se consacre à quatre projets monumentaux en Suède, Croatie, Espagne et Corée du Sud : plus de vingt-cinq reconstructions d’hominidés. La fondation Calouste Gulbenkian lui commande une reconstruction du jeune Charles Darwin avant son voyage sur le Beagle à l’occasion d’une exposition commémorant le bicentenaire de sa naissance.
2010 : Remporte le John J. Lanzendorf PaleoArt Prize (le prix le plus prestigieux remis aux artistes dans le domaine de la paléontologie), dans la catégorie des oeuvres en trois dimensions.
2011 : Grâce à son travail de reconstruction, les hominidés Sangiran 17 et l’homme de Flores retournent en Indonésie. Reconstruction de l’homme du Cerny pour le musée départemental de Préhistoire d’Île-de-France (Nemours – Seine-et-Marne).
2021 Jeongok Prehistory Museum ,Corée du Sud Discovery site : Mandal cave , Pyeongyang North Korea
2021 La jeune femme magdalénienne de Abri Pataud aux Eyzies deTayac, Dordogne, France.
2022 Sculpture d’une Jeune femme du paléolithique supérieur d’apres le crâne et post crânien de la dame de Cavillon
2023 Reconstruction Homo heidelbergensis pour le Museo Nazionale del Paleolitico si Isernia
2023 Sculpture Lucy en Bronze pour Montigny les Cormeilles
2023 Reconstruction d’une jeune femme du Mésolithique pour Museum of Natural History de Fribourg
2023 Reconstitution de SELAM pour le Field Muséum de Chicago d’après son crâne et son post crânien
Interview d’Élisabeth Daynès pour la réalisation du dossier de presse de l’exposition « L’identitée retrouvée » (extraits)
En quoi consiste votre travail ?
Rien ne me prédisposait à oeuvrer en Préhistoire. De formation purement artistique, j’ai poursuivi mes études dans une école de peinture, étudié les arts appliqués en modelage. J’ai créé un atelier de sculpture à Paris. Le hasard d’une commande m’a conduite à rencontrer une équipe d’anthropologues et à découvrir l’incroyable diversité d’une collection de crânes fossiles, la variété de leurs formes et leurs structures osseuses. S’ouvrait alors un champ insoupçonné de recherche et de créativité.
Mon travail consiste à partir des indices que livrent les vestiges osseux et selon les mêmes principes qu’une enquête criminalistique, à rechercher l’identité des hommes du passé.
C’est l’aboutissement d’un dialogue ininterrompu avec les experts scientifiques, c’est un long processus qui dure plusieurs mois autour d’un crâne et d’indices millénaires.
« En 1991, le professeur Henry De Lumley me commandait mon premier homo erectus pour l’ouverture du musée de Tautavel, dans les Pyrénées. Puis en 1996, ce fut la rencontre, déterminante, avec le Docteur Jean-Noël Vignal, anthropologue médicolégal à l’institut de recherche criminelle.
À partir des données anthropométriques et morphologiques, Jean-Noël Vignal peut calculer les épaisseurs des parties «molles» du visage (muscles et peau). Grâce à ces nouvelles données, j’ai appris à sculpter autrement, à m’approcher avec plus de précision et de réalisme du sujet.
Plus on s’éloigne de l’os plus on entre dans l’interprétation, pour cette raison, j’ai tendance à travailler « émaciée » au plus proche du crâne, la masse graisseuse étant impossible à déterminer. Cependant, toute reconstitution est une synthèse des connaissances sur les origines de l’homme a un instant T une théorie, jamais un fantasme.
Comment s’est passée la collaboration avec les scientifiques (anthropologues, archéologues, paléontologues, anatomistes, criminologue) ?
Je me suis engagée dans un long apprentissage en poussant plus loin mes connaissances en anatomie, je me suis plongée dans les publications scientifiques, les principaux congrès d’anthropologie américains, j’ai rencontré des scientifiques parmi les plus réputés au monde. Il m’a également fallu convaincre les différents laboratoires internationaux du sérieux de ma démarche afin d’obtenir, d’une part les moulages des crânes fossiles qui représentent la base essentielle de mon travail – les originaux ne circulent jamais – d’autre part leur soutien et validation scientifique.
Quel regard portez-vous sur les personnages que vous reconstituez ?
Au-delà de l’exactitude, du témoignage scientifique, ce que je recherche, c’est un face à face entre ces hominidés – dont des millions d’années nous séparent – et le public, la rencontre avec d’autres humanités.
On me reproche parfois de réaliser de trop belles sculptures. Je me défends en m’appuyant sur le monde animal qui se lèche, se toilette ou s’épouille. Alors, pourquoi pas l’homme? Pourquoi faudrait-il que nos ancêtres aient des faces fripées, vulgaires, agressives et des airs ahuris?
J’aimerais parfois aller au-delà encore, notamment en matière de peinture corporelle, de scarification ou de tatouage. Mais je me censure, faute de preuve. Pourtant, si l’on songe à la sépulture des deux enfants de Sungir datée à moins 25 000 ans B.P., dont les corps étaient ornés de 9 732 perles polies et perforées de diverses tailles ou à celui de La Madeleine, on peut imaginer assez naturellement
que les hommes de Néanderthal ou Homo sapiens ornaient leur peau, travaillaient leurs cheveux. Dans toutes les sociétés sans écriture, les parures corporelles signifient l’appartenance à un clan, sont un marqueur de hiérarchie...
Où voir les œuvres d’Elisabeth Daynes ?
De nombreux musées, en France et dans le monde présentent les reconstructions d’Elisabeth Daynès. Petit choix totalement arbitraire…
Sources principales :
DP Identité retrouvée, au Musée de Préhistoire de Nemours.
Les ateliers Daynes.
Livre L’identité retrouvée (2011) Lhomme du XXIe siècle a de grandes énigmes à résoudre : lorigine de lunivers, de la vie sur terre et de sa propre émergence. Dans cette quête des origines, Elisabeth Daynès occupe une place à part, celle dune paléo-artiste de renommée internationale, qui se livre avec passion à un travail unique : à léchelle de plusieurs millions dannées, à partir de vestiges osseux parfois fragmentaires, récréer ces hominidés qui furent pour nous de lointains cousins ou nos ancêtres. Les scientifiques les plus éminents lui apportent leurs précieux concours et les technologies nouvelles lui offrent des outils exceptionnels en matière dimagerie et de conception assistée par ordinateur. Ce travail qui mêle recherche scientifique, innovation technologique et démarche artistique permet dillustrer et de rendre accessible, à un large public, la synthèse des connaissances actuelles sur lévolution de lhomme. Chaque reconstruction est une théorie à un instant donné, elle permet au public une rencontre insolite, déprouver une émotion au travers de ce face-à-face avec ces êtres du passé qui engendre alors une réflexion sur nos origines. Elisabeth Daynès participe ainsi à une réhabilitation de lhomme préhistorique, trop souvent associé à la bestialité, et présente au public limage dune autre humanité. | |
En savoir plus sur le livre l’identité retrouvée |