Un nouveau fossile de Denisova au Laos ?

Une molaire humaine découverte dans la grotte du Cobra au Laos pourrait être la première trace fossile de Denisova en Asie du Sud-Est

La grotte du Cobra

La grotte du Cobra sur le site de Tam Ngu Hao est située dans les collines annamites du Nord-Est du Laos.  La dent a été retrouvée dans des sédiments compacts de la grotte. La région est véritablement trouée de grottes calcaires, dont certaines ont déjà délivre des restes humains fossilisés. A proximité la grotte de Tam Pa Ling (grotte des singes), a fourni des preuves d’occupation par des homo sapiens il y a environ 60 000 ans.
Le géoarchéologue de l’Université Flinders et co-auteur de l’étude, Mike Morley, travaillait à la grotte des Singes lorsque l’entrée de la grotte du Cobra, à environ 30 mètres sur une colline rocheuse, a été découverte.
La grotte est en fait une petite cavité qui ne permet le passage qu’un seul humain à la fois. C’était peut-être un lieu de dépôt pour les hominidés mais certainement pas un lieu d’habitation.
La grotte Tam Ngu Hao 2 faisait en fait partie d’un plus vaste réseau de chambres et de tunnels. Des os, des dents d’animaux et des  sédiments viennent de la surface ou ils ont dû être emportés lors d’une coulée de boue ou d’eau. Le tout é été recouvert de limon et de sable et a ainsi bénéficié d’une protection pendant des dizaines de milliers d’années.  C’est dans ce mélange sédimentaire que la dent a été retrouvée.

Une petite molaire

Les archéologues ont voulu déterminer à qui appartenait cette petite dent. Ils estiment que c’est la première ou la deuxième molaire à l’arrière d’une mâchoire inférieure gauche. Les chercheurs pensent que la dent appartenait à un jeune enfant. Comme le laisse penser la pureté du matériel. C’était une dent adulte, mais qui ne présentait aucun signe d’usure, ce qui suggère qu’elle n’avait pas encore poussé à travers la gencive et dans la bouche lorsque son propriétaire est décédé à un âge compris entre 3 et 8 ans.

La molaire a bénéficié d’études de microtomographie à rayons X et de paléoprotéomique (analyse des protéines). « Les protéines nous ont permis d’identifier le sexe, féminin, et d’affirmer son appartenance au genre Homo« , détaille Fabrice Demeter, chercheur à l’Université de Copenhague affilié au Muséum nationale d’histoire naturelle de Paris.
Malheureusement le climat chaud et humide de la région n’a pas permis de conserver un matériel génétique correct. Les scientifiques ont du faire une étude morphologique pour déterminer quelle espèce appartenait la petite fille.

A qui appartient cette dent ?

L’équipe a comparé les formes à la surface de la dent (bosses et creux) et sous l’émail avec les autres dents d’autres hominidés : les Néandertaliens, les Homo erectus , les Dénisoviens et les  Homo sapiens .
Rapidement Homo sapiens a été éliminé car la surface de mastication de la dent de la grotte du Cobra était fortement plissée, ce qui ne correspond pas à H. sapiens , qui a une surface plus lisse.
Quelques similitudes ont été observées avec des dents néandertaliennes mais beaucoup moins que celle des dénisoviens.
Les dents découvertes dans la grotte de Denisova ont aidé au processus d’identification, a déclaré le co-auteur de l’étude, Renaud Joannes-Boyau, géochimiste à l’Université Southern Cross.. La dent du Laos ressemblait tout à fait à celle de la mâchoire de Denisovien trouvée dans une grotte au Tibet.

La datation

Les chercheurs ont également cherche à estimer l’âge de la dent. La datation directe de la dent était possible, mais cette technique necessitait de la couper et donc d’en détruire une partie. L’équipe a préféré uyiliser des méthodes de datation sur l’environnement autour da la dent.
Dans un premier temps le Pr Morley a analysé des parties du sédiment pour s’assurer qu’ils n’avaient pas été remaniés et qu’il ny avait pas de mélange des fossiles et des sédiments récents avec des éléments plus anciens.
Le Pr Joannes-Boyau a ensuite daté directement quelques dents d’herbivores de la même épaisse couche de sédiments dans laquelle la dent a été trouvée, tandis que le Pr Westaway a calculé depuis combien de temps les sédiments eux-mêmes avaient été enfouis.
Ensemble, ils suggèrent que la jeune fille a vécu et est morte vers la fin du Pléistocène moyen, il y a environ 164 à 131 000 ans.

A suivre

Pour l’instant les spécialistes ne peuvent pas alller beaucoup plus loin dans les études et quelques scientifiques émettent des doutes quant à l’appartenance de la dent à l’espèce Denisovienne.
Pour le professeur Herries, il est logique que la dent du Laos soit bien Denisovienne, car d’après les études génétiques actuelles sur les personnes vivant dans la région montrent des traces d’ADN dénisovien.

Pour le paléoanthropologue Chris Stringer il apparait que la comparaison de la dent du Laos avec celle de la machoire trouvée au Tibet est un problème majeur. En effet la machoire n’a pas non plus délivré d’ADN dénisovien. Il commente « L’un des problèmes est qu’il n’y a pas encore de molaires inférieures comparables de la grotte de Denisova elle-même, de sorte que la dent est indirectement liée aux fossiles de Denisovan par une série d’inférences morphologiques utilisant la mâchoire Xiahe (un autre Denisovien putatif). Le texte est louablement plus prudent que le titre de l’article sur le fait qu’il s’agit d’un véritable fossile de Denisovan, reconnaissant qu’il pourrait même provenir d’un Néandertal (bien que les auteurs considèrent que cela est moins probable).« 

Il va falloir trouver encore plus de restes fossiles pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.

C.R.

Sources
ABC-net
Geo
Nature A Middle Pleistocene Denisovan molar from the Annamite Chain of northern Laos

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