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Les Aborigènes d’Australie, premiers à quitter le berceau africain
Les premiers australiens !
Publiant ses travaux le 22 septembre dernier dans Science, une équipe internationale de généticiens, après avoir séquencé pour la première fois le génome d’un Aborigène australien et avoir intégré ces données à une étude comparative, suggère que les ancêtres de ces Océaniens sont les premiers hommes modernes à avoir émigré d’Afrique, dès 70 à 60 000 ans BP*.
L’étude
Une équipe dirigée par Eske Willerslev, paléo-généticien à l’Université de Copenhague, et comprenant notamment des chercheurs des Universités de Londres et de Cambridge, a mené à bien le séquençage du génome d’un Aborigène ‘de pure souche’ du sud-ouest australien, à partir d’une mèche de cheveux datant des années 1920. Séquençage assorti d’une étude comparative avec l’ADN de diverses populations du monde.
Les auteurs en dégagent une conclusion qui contredit l’idée d’une unique vague ‘globale’ de migration d’Homo sapiens hors du berceau africain : les ancêtres des Aborigènes d’Australie seraient les premiers à avoir vraiment quitté l’Afrique ou le Moyen-Orient, il y a 60 à 70 000 ans (se séparant des populations qui devaient, elles, coloniser plus tard l’Europe et (re)conquérir l’Asie), pour, au terme d’un long voyage, occuper la grande île d’Océanie dès -50 000 ans. Une recherche purement génétique, mais qui corrobore des données archéologiques.
L’horloge moléculaire se met à l’heure
Traditionnellement’ (si l’on peut dire), les dates de divergences génétiques entre populations étaient déduites du nombre de mutations observées dans les échantillons d’ADN, interprété via le ‘prisme’ d’un taux moyen supposé (tant de mutations pour tel laps de temps écoulé) : une statistique un peu rigide…
Aujourd’hui, avec l’amélioration des technologies, de puissants modèles informatiques permettent aux chercheurs de simuler l’effet, sur le génome (virtuel), de multiples scenarios de migration (en termes d’époques et de directions), de les comparer et de sélectionner celui qui coïncide le mieux avec les caractéristiques observées réellement sur le véritable échantillon d’ADN testé.
Ethique
La fameuse mèche de cheveux, échantillon clé de cette étude, fut donnée en 1923 au Dr Haddon, un ethnographe britannique, par un jeune Aborigène rencontré au cours d’un voyage en Australie. Pourquoi travailler sur une mèche de cheveux vieille de près d’un siècle ? D’abord pour la ‘pureté’ de son ADN, exempt de tout apport génétique européen (indigènes et colons se sont beaucoup plus métissés, depuis).
Mais surtout par respect pour le peuple aborigène, échaudé par les procédés plus que discutables des anthropologues d’antan. Les cheveux – donnés volontairement dans le cas présent – ne sont pas considérés comme ‘tissu humain’. Une commission de bioéthique danoise a donné son aval, et, plus important, le Goldfields Land and Sea Council, un comité représentatif des Aborigènes de la région concernée, a adhéré totalement au projet.
Des pionniers parmi les pionniers
« Les Aborigènes australiens sont les descendants des premiers explorateurs humains. Ce sont des gens qui se sont aventurés vers un territoire inconnu, dans un monde inconnu, pour finalement atteindre l’Australie », souligne Eske Willerslev.
Des pionniers qui, avant de laisser leurs os fossilisés sur la terre australienne il y a 50 000 ans, ont, en chemin, égrainé (en Inde, par exemple) des outils encore plus anciens, croisé l’Homme de Néandertal (qui, comme pour nous, leur a laissé son empreinte génétique), mais aussi l’Homme de Denisova, qui a, lui aussi, laissé sa signature sur leur ADN… : une autre surprise de cette étude.
C.R.
Sources (en anglais) :
ScienceDaily
BBC
Nature.com/new
Photo en couleur : Photos de Jacques et Betty Villeminot
Photo en noir et blanc : 1574 H. King
*BP : Before Present
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